samedi 16 juillet 2011

La police politique en tunisie: La torture et les tortionnaires sous Bourguiba

La police politique en tunisie: La torture et les tortionnaires sous Bourguiba (1/5)



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Par Sami Ben Abdallah 

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La torture  en Tunisie n’a pas commencé avec Ben Ali. Il faut rappeler que Ben Ali n’a fait son entrée au ministère de l’intérieur comme directeur de la Sureté qu’en décembre 1977. Pourtant la torture n’a pas cessé en Tunisie de 1955 à  décembre 1977.
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Ben Ali a trouvé un système.  Ce n’est pas lui qui l’ait inventé. Bien sur qu'il assume une responsabilité politique dans le maintien de ce systéme. Cependant, tous les ministres de l'Intérieur ainsi que les directeurs de Sureté assument la même responsabilité que Ben Ali.

Torture.pngCi-dessous  à titre de rappel la liste de tous les ministres de l’Intérieur en Tunisie ainsi que la liste des directeurs de sureté (Liste rappelée par le Blogueur Yassine Ayari).

L’Historien Mohamed Dhifallah et le politologue Mohsen Toumi ont dressé 2 tableaux (voir ci-dessous)  qui recensent les procès politiques  en Tunisie de 1956 à 1987.

Durant tous ces procès,  les témoignages sont unanimes :

"La torture a été systématiquement pratiquée sur les inculpés durant les interrogatoires dans les locaux de la police politique".

Il va de soi que tous ces ministres de l’intérieur et les Directeurs de sureté  ont cautionné la torture quand ils étaient au ministère de l’intérieur.

Avec les islamistes et la gauche, Ben ali utilisera EXACTEMENT les mêmes méthodes que Bourguiba a utilisé avec  ses opposants. C'est l'Histoire de la tunisie qui le dit.


Ministres d'intérieurs  en Tunisie de 1956 à 1987


• Avril 1956 - 1965 : Taieb Mhiri
• Juin 1965 - Septembre 1969 : Beji Caied Essebsi
• Septembre 1969 - Juin 1970 : Hedi Khfacha
• Juin 1970 - Septembre 1971 : Ahmed Mestiri
• Septembre 1971 - Octobre 1971 : Hedi Nouira
• Octobre 1971 - Mars 1973 : Hedi Khfacha
• Mars 1973 - Décembre 1977 : Taher Belkhoja
• 22 Décembre 1977 - 25 Décembre 1977 (48 heures) : Abdallah Farhat
• Décembre 1977 - Novembre 1979 : Dhaoui Hanabliya
• Novembre 1979 - Mars 1980 : Othman Kechrid
• Mars 1980 - janvier 1984 : Driss Guiga
• Janvier 1984 - Avril 1986 : Mohamed Mzali
• Avril 1986 : Zine El Abidine Ben Ali

Directeurs de sûreté  en Tunisie de 1956 à 1987

• 1956 : Ismail Zouiten
• 1957-1963 : Driss Guiga
• 1963 - 1965 : Beji Caid Essebsi
• 1965 - 1967 : Foued Mbazaa
• 1967 - 1968 : Taher Belkhoja
• 1968 - 1969 : Hssan Babbou
• 1969 - 1970 : Monji Kooli
• 1970 - 1971 : Zakareya Ben Mostapha
• 1971 - 1973 : Hedi Cherif
• 1973 - 1977 : Abdelmejid  Bousslema
•  Décembre 1977 - 1980 : Zine El Abidine Ben Ali
• 1980 - 1984 : Abdelmejid Skhiri
• 1984 - 1986 : Zine El Abindine Ben Ali


Tous les ministres de Bourguiba ne se rappellent plus aujourd’hui de la torture. Ils disent qu’ils n’étaient pas au courant. Ils se la jouent des démocrates. Pourtant les seuls mérites qu’on peut reconnaitre à beaucoup d’entre eux, c’est que quand ils étaient au pouvoir, ils ont cautionné la torture et ont détourné de l’argent public.  (Il est à rappeler que plusieurs ministres de Bourguiba (ainsi que plusieurs proches de Bourguiba ou de sa femme Wassila Ben ammar) sont des millionnaires voir même des milliardaires. Plusieurs de ces ministres ont des appartements dans les quartiers les plus luxueux de paris (75008,75017,75016). Comment peut-on avec la retraite d’un ministre en Tunisie acheter des appartements valant plus d’un million d’euros ?
Ci-dessous un  extrait d’un témoignage (la torture en Tunisie en 1979) qui revient sur les pratiques de la police politique. (Vous pouvez télécharger l’intégralité du témoignage sur le lien indiqué à la fin de ce billet).



Extrait d'une étude faite par l'Historien Mohamed Dhifallah
qui recence les procès politiques en Tunisie sous Bourguiba
(Attention ! cette liste n’est pas exhaustive)
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http://samibenabdallah.rsfblog.org/images/proces-politique-tunisie-mohamed-dhifallah.jpg


Extrait d'une étude faite par le politologue Mohsen toumi
qui recence les procès politiques en Tunisie sous Bourguiba
(Attention ! cette liste n’est pas exhaustive)
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Procès- politique-tunisie.png

Télécharger ces PDF en cliquant sur le lien sendspace (choisissez REGULARD DOWNALD) puis chercher "Downald Link" puis cliquez
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03 avril 2011

Beji Caid Essebsi: Un démocrate ou un Homme de répression?


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 Par Sami Ben Abdallah
Roger Faligot et Pascal Krop sont surement les 2 meilleurs journalistes spécialistes du renseignement français. La qualité de leurs ouvrages, la véracité des informations, scoops et révélations qu’ils publient prouvent qu’ils sont une sorte de communicants des services français (la DGSE : La Direction générale de la sécurité extérieure) .
Beji.pngIl y a quelques mois, l’ancien Directeur de la Sureté en Tunisie Hssan Babou a évoqué une affaire passée presque inaperçue : celle de l’implication d’un haut fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur en Tunisie dans les années 60 dans une grave affaire....Il s’agit de l’affaire « Ali Mrad »

50 ans après les faits, on ne peut que s’interroger : Tous ces hommes affectés dans le temps à la police politique pour torturer les youssefistes, les militants de l’extrême gauche et les Tunisiens ordinaires… n’était- il pas « plus patriotique » d’affecter tous ces agents à surveiller les vrais ennemis de la Tunisie ?

L’ancien Directeur de la Sureté Hssan Babbou précise que Béji Caid Essebsi et M. Khfacha n’ont pas voulu limoger ce responsable.

Béji Caid Essebssi, a bien publié des mémoires (qui s’entendent sur 525 pages où on ne trouve aucune précision sur cette affaire) mais il n’a pas eu le « courage politique » de s’expliquer sur cette bavure 50 ans après les faits.
Or, selon les deux spécialistes du Renseignement français, il semble que ce haut responsable au Ministère de l'intérieur était lié au réseau "Magenta".
Aujourd’hui que M. beji Caid essebsi est revenu à la vie politique tunisienne, il doit s’expliquer sur cette affaire et bien d’autres.
A moins qu’il n’ait pas le courage politique de le faire ….
Lire les pages scannées pour comprendre.
NB: La personne Beji caid essebsi n'est pas en cause, c'est de l'homme politique qu'il s'agit.
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Lire les pages y compris les bas de pages
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La mort du syndicaliste Hassan Saadaoui


Publiant récemment ses mémoires, l’Ex ministre des affaires étrangères –M. Béji Caid Essebssi (qui a occupé les fonctions de directeurs de la Sureté à l’Intérieur à partir de décembre 1962, la fonction de Secrétaire d’Etat à l’Intérieur en 1965 et la fonction de Ministre de l’Intérieur (à partir de juin 1965 jusqu’en Aout 69) n’est pas vraiment revenu sur la décennie 1960-1970 qui a correspondu à son passage à l’Intérieur.



L’Ex Ministre à l’intérieur ne se rappelle plus des suites du complot de 1962, ni des manifestations d’octobre 1965, ni des procès et des conditions d’interrogatoires des militants de l’Extrême gauche parmi tant d’autres choses.



Pourtant ses mémoires abondent de discussions privées qu’il a eues avec tel Chef d’Etat ou tel autre et M. Béji Caid Essebsi se rappelle les phrases échangées au mot près…
Dans ses mémoires, l’Ex Ministre de l’Intérieur ne se rappelle pas du syndicaliste Hassen Saadaoui mort en 1963…




En janvier 1963, M. Béji Caid Essebsi était le Directeur général de la Sureté

Hassen Saadaoui mort dans les locaux de la police


Extrait de l’Interview de Georges Adda par Noura Borsali, pp 54-55, Ouvrage « Bourguiba à l’épreuve de la Démocratie, 1956-1963 » Samed Editions, janvier 2008












La répression des manifestants de Borj Rais


En Octobre 1965, alors que M. Béji Caid Essebsi était le ministre de l’intérieur, des manifestations éclatent en Tunisie : 5 morts, des blessés….


Dans les mémoires de l’Ex ministre de l’intérieur, on ne trouve leurs traces nulles parts.


Extrait de Le mouvement Perspectives (ouvrage en arabe) . Auteur M. Abdeljlil Bouguerra (pp 46-47)





Art 1. Cliquez sur la photo pour lire 
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Art 2. Cliquez sur la photo pour lire 


Art 4. Cliquez sur la photo


19 janvier 2011

Quand Ben Ali rendait Tarak Ben Ammar heureux




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Tarak Ben Ammar un des actionnaires de Nessma TV n’a pas uniquement retourné sa veste après la chute de Ben Ali. Il s’est aussi inventé un CV militant, renié son adhésion à l’appel paru l’été 2010 dans lequel 65 personnalités tunisiennes ont appelé Ben Ali à se présenter en 2014 pour un sixième mandat.

Ce n’est qu’après la chute de  Ben Ali et plus de 8 mois après la parution de cet appel que Tarak Ben Ammar a éprouvé le besoin de renier son adhésion à cet appel (tout comme les autres signataires).
Enfin, on a découvert que le producteur Tarak Ben Ammar a une imagination fertile. Avec le Cv militant, il a affirmé au nouvel OBS que la chaine Nessma TV a précipité la chute de Ben Ali.
Une participation « imaginaire » car jusqu’à quelques semaines encore, tout ce qui interessait Nessma TV était sa part de marché.
Ben Ali volera-t-il au secours de « Nessma TV » ?

Mercredi, 25 Août 2010 12:22
Ce mardi matin, Tarek Ben Ammar, producteur de cinéma et hommes d’affaires tunisien qui a le vent en poupe est un homme heureux.
Il vient de sortir du palais de Carthage où il a été reçu par le président Zine El Abidine Ben Ali en personne. En Plus, il vient d’obtenir gain de cause sur un des dossiers qui lui tient particulièrement au cœur. Le président tunisien lui aurait promis de mettre de l’ordre dans un domaine très sensible : celui de la mesure d’audiences en Tunisie. C’est que Tarek Ben Ammar est l’un des promoteurs, avec les frères Karoui, de la chaîne de télévision à vocation maghrébine « Nessma TV » lancée en mars 2007.
Les doléances de Tarek Ben Ammar interviennent alors que la chaîne « Nessma TV » passe par beaucoup de difficulté. En effet, il y a quelques mois la chaîne a été priée, sur fond de polémique, par les autorités de plier bagage et de déguerpir d’Algérie. Un coup dur pour la toute dernière des chaînes maghrébines, puisque les frères Karoui affirmaient que c’est en Algérie que « Nessma TV » réalise ses meilleurs taux d’audience. Mais depuis la fermeture de ses bureaux algérois, les grands opérateurs économiques algériens boudent la chaîne de télévision qui émet depuis Tunis. La direction de la « Nessma TV », chapeauté par l’ancien ministre tunisien de la Communication, Fethi Houidi s’est dirigé vers le Maroc où elle a mené une grande offensive afin de capter le public local et figurer ainsi le baromètre de Maroc-Métrie, sésame indispensable pour pénétrer le marché publicitaire le plus juteux du Maghreb. L’institution de mesure d’audience marocaine demeure à cet instant sourde aux efforts de la chaîne tunisienne.
C’est pourquoi « Nessma TV » dans laquelle le groupe Mediaset de Silvio Berlusconi vient d’injecter 15 millions d’euros se concentre sur le marché tunisien. Mais là aussi, la chaîne chère à Tarek Ben Ammar, connait des difficultés. En 2009, elle n’a pu glaner que 8,6 des parts de marché très loin derrière la chaîne publique Tunis 7 avec 45 % et « Hannibal » TV avec 18 %. Depuis et pour la nouvelle saison, « Nessma TV » a musclé sa grille en proposant des séries et des films à succès. Peine perdue. L’agence Sigma Conseil n’a crédité la chaîne, au mois de mai dernier, que d’à peine 5% de taux d’audience en Tunisie. Un score faible et qui influence les annonceurs. D’où la colère de Tarek Ben Ammar qui estime que ces chiffres sont loin de la réalité et que c’est au pouvoir politique de mettre de l’ordre dans ce secteur. C’est sûr que l’homme d’affaires franco-tunisien a su taper à la bonne porte.

Leaders Taoufik Habaieb retournent leurs vestes



Taoufik-Habaieb.jpgL’homme de Communication propriétaire de Leaders et d’autres sociétés a vite retourné sa veste après lachute de Ben Ali.
Taoufik Habaieb était pourtant un inconditionnel d’Abdelwahab Abdallah et d’Oussama Romdani.
L’appel des 65 personnes appelant Ben Ali à se représenter en 2014 a disparu par exemple du site Leaders. Dans le temps, Taoufik Habaieb avait exprimé son souhait publiquement de rejoindre cette liste quand le site Leaders l’a diffusée.

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03 novembre 2009

La torture en Tunisie

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Précision :
Tous les témoignages (liste non exhaustive) ci-dessous sont extraits d’ouvrages parus en Tunisie et qui sont vendus dans les librairies tunisiennes. Il suffit de les acheter et de les lire. La mise en ligne de ces extraits est faite à titre indicative, l’achat des ouvrages est fortement recommandé.





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Des tortionnaires de la police politique tunisienne auraient utilisé contre les Opposants de Gauche sous Habib Bourguiba  les mêmes méthodes que les américains avaient utilisées contre les Irakiens....
Alors que les Tunisiens et les Tunisiennes "applaudissaient" l'Etat "moderne" fondé par Habib Bourguiba...
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Tout savbvoir sur Perspectives, des ouvrages:
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الحقيقة حول الفتنة في الجامعة" هذا الكتاب أصدره الحزب الاشتراكي الدستوري في مارس 1968
حول ما جرى في الجامعة آنذاك من أحداث، وكان الكتاب تمهيدا لمحاكمة تيارات طلابية سياسية على رأسها مجموعة برسبكتيف إلى جانب الشيوعيين والبعثيين
Cliquez sur l'un des liens suivants:
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Brisez le mur du silence..surtout pour ceux et celles de ma génération qui ne savaient pas ce qu'était la Tunisie sous Habib Bourguiba....l'histoire de la Tunisie doit être connue et comprise par tous ceux qui se considèrent Tunisiens et tunisiennes car "Ceux qui ne comprennent as leur histoire sont condamnés à la revivre"...

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02 octobre 2009

Tunisie: Le supplice de la bouteille

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Source de la vidéo www.misrdigital.blogspirit.com/. On voit le supplice de la bouteille. Le supplice connu de la « bouteille » : faire asseoir la victime sur une bouteille(dit aussi supplice du Coca ou du Pepsi car le responsable au Ministère de l'intérieur vous demande si vous voulez prendre un café ou un Coca...etc)



Il  est à rappeler que le supplice de la bouteille a été largement utilisé par une partie de l’armée française en Algérie (et il va de soi au Maroc et en Tunisie) comme le précisent ces 2 liens parmi tant d’autres.

« L’épreuve la plus redoutée était l’enfoncement d’une bouteille d’un litre dans l’anus. Bien que les parties génitales relèvent de tabou dans la société algérienne, plusieurs témoignages concordants ont rapporté que le lieutenant Lacoste faisait accroupir certaines de ses victimes, en leur introduisait le goulot d’une bouteille d’un litre dans l’anus et deux autres tortionnaires appuyaient de tout leur poids pour enfoncer la bouteille dans les entrailles de la victime. Celles-ci, selon les dires de plusieurs témoins, ne survivaient jamais au supplice de la bouteille.(fin) »(http://forum.actudz.com/topic9322.html)


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Témoignage de Gilbert Naccache : 

La torture en Tunisie sous Habib Bourguiba


Gilbert Naccache est un des leaders historiques du Mouvement Perspectives (Mouvement d’Extrême Gauche) sauvagement réprimé entre 1968 et 1980 sous Habib Bourguiba.

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Extrait de son ouvrage « Cristal », pp 300-306 (en vente libre en Tunisie . Il suffit de les acheter et de les lire)


 
« Je suis épouvanté à l'idée que du matériel de torture électrique est installé ainsi, de façon officielle, dans une salle du ministère de l'Intérieur, c'est donc une méthode courante... » (Gilbert Naccache)

« Un tortionnaire a un jour vidé une gamelle de soupe brûlante dans le slip d'une fille qui refusait de manger «avale-le par le bas» lui a-t-il dit. Et on pourrait citer tant d'autres exemples de cruauté, de bestialité... » (Gilbert Naccache)


« Il n'est même pas besoin de parler de tout ce qui se passe dans le bureau même où l'on vous interroge: gifles, coups de poing, crachats au visage, insultes de tous genres, mais surtout les plus ordurières, les plus obscènes, et menaces contre vous, contre vos proches, surtout vos femmes, vos amies, vos mères, que l'on a violées en paroles devant vous des dizaines de fois.. » (Gilbert Naccache).


« Un détenu avait une fois été mis dans un coin de la pièce et on poussait tout près de lui un chauffage à gaz butane, il avait l'impression de rôtir et d'étouffer » (Gilbert Naccache)





Extrait de son second ouvrage : Gilbert Naccache : Qu’as-tu fait de ta jeunesse ? Itinéraire d’un Opposant à Habib Bourguiba » Suivi de « Récits de prison » Paru en : Avril 2009. (En vente libre en Tunisie. Il suffit de les acheter et de les lire)


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A la page 248 on lit :
« Le directeur de la BSE ( la DST avait été rebaptisé Brigade de Sureté de l’Etat), Abdelaziz Tabka… depuis octobre 1972, il avait conduit les interrogatoires de tous les politiques (et il y avait eu des arrestations plus ou moins nombreuses tous les ans) et dirigé les tortures, il mettait souvent la main à la pate, menaçant même le supplicié en brandissant son pistolet ; cela lui faisait un beau tableau de chasse en ce mois d’avril 1978, après les arrestations des syndicalistes dont au moins un, Mohamed Kouki, était mort en cours d’interrogatoire ».(fin de l’extrait page 248)


A la page 124, on lit :

« Dans la pièce où, complètement nu, je [Gilbert Naccache] sortais d’une séance de torture : …le tortionnaire posa mon pénis sur une table et y appliqua deux coups de matraque retentissants »



A la page 136, on lit :

« Aicha, la femme de Noureddine, sortie récemment après seize mois de prison, elle avait aussi subi de graves tortures, entre autres au milieu de son séjour en prison »


A la page 160, on lit :

« Le courage de Aicha Ben Abed, la campagne de Noureddine, qui avait été sauvagement torturée (elle porte encore les traces de brûlures de cigarettes sur ses seins) ». (fin)




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Tunisie :
Sous Bourguiba des Tunisiens et des Tunisiennes auraient été torturé avec l’électricité



Tunisie : Sous Bourguiba des Tunisiens et des Tunisiennes auraient été torturé avec l’électricité


Gilbert Naccache est un des leaders historiques du Mouvement Perspectives (Mouvement d’Extrême Gauche) sauvagement réprimé entre 1968 et 1980 sous Habib Bourguiba.Il est né en 1939 à Tunis. Il fait ses études supérieures à Paris à l'institut national agronomique. De retour en Tunisie, il travaille au ministère de l'Agriculture comme ingénieur agronome. Ses activités politiques au sein du groupe Perspectives lui valent d'être arrêté en mars 1968 et lourdement condamné. Il sera libéré en 1979. Il vit actuellement en France. De ses écrits de prison, « Cristal » a été publié (réédité aux Éditions Chama en 2001), ainsi que « Le Ciel est par-dessus le toit. Nouvelles, contes et poèmes de prison et d'ailleurs », aux Éditions du Cerf (Paris) en 2005. Son dernier ouvrage: Qu'as-tu fait de ta jeunesse ?
Itinéraire d'un opposant au régime de Bourguiba (1954-1979)
Suivi de « Récits de prison ». Paru : Avril 2009. En vente libre en Tunisie (tout comme son ouvrage Cristal).





« Je suis épouvanté à l'idée que du matériel de torture électrique est installé ainsi, de façon officielle, dans une salle du ministère de l'Intérieur, c'est donc une méthode courante... » (Gilbert Naccache)


« Un tortionnaire a un jour vidé une gamelle de soupe brûlante dans le slip d'une fille qui refusait de manger «avale-le par le bas» lui a-t-il dit. Et on pourrait citer tant d'autres exemples de cruauté, de bestialité... » (Gilbert Naccache)



« Il n'est même pas besoin de parler de tout ce qui se passe dans le bureau même où l'on vous interroge: gifles, coups de poing, crachats au visage, insultes de tous genres, mais surtout les plus ordurières, les plus obscènes, et menaces contre vous, contre vos proches, surtout vos femmes, vos amies, vos mères, que l'on a violées en paroles devant vous des dizaines de fois.. » (Gilbert Naccache).







Source
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Extrait de son ouvrage « Cristal », pp 300-306 (Cet ouvrage est en vente libre en Tunisie tout comme le dernier ouvrage de Gilbert Naccache : Qu’as-tu fait de ta jeunesse ? Itinéraire d’un Opposant à Habib Bourguiba ». Il suffit de les acheter et de les lire)

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01 octobre 2009

Salah Ben Youssef: Tout ce que vous devez savoir sur son assassinat

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« Salah Ben Youssef n’avait pas confiance en Habib Bourguiba et ses hommes qui sont des criminels qui pouvaient l’assassiner ou le kidnapper »

« Tayeb Mhiri, Ministre de l’intérieur fut chargé de prospecter et de superviser les différentes possibilités de la liquidation de Salah Ben Youssef. »

« Il était 16h30 quand ils l’ont assassiné avec un pistolet, calibre 7.65mm, muni d’un silencieux ».


« Sa femme hurle sa détresse et crie : ambulance, ambulance. Salah Ben Youssef, était couvert de sang »

« Dans le coma, Salah Ben Youssef respirait encore »

« Dans son bureau ministériel de l’avenue Bourguiba, Tayeb Mhiri [ Le Ministre de l’intérieur] grillant cigarette sur cigarette, attend avec impatience des nouvelles de ses protégés »


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26 septembre 2009

Beji Caid Essebssi? Tout ce que l'ex Ministre de l'Intérieur Béji Caid Essebssi n'a pas dit dans ses "mémoires"

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Un dossier spécial sur M.Beji Caid Essebsi. Cliquez sur la photo pour le lire
http://samibenabdallah.rsfblog.org/archive/2011/02/27/bej...


16 août 2009

L'insurrection à Gafsa : 26 janvier 1980

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Gafsa.Le 26 janvier 1980, au soir, la ville minière de Gafsa, dans le Sud-Ouest tunisien, est attaquée par un groupe armé composé de Tunisiens. Les autorités tunisiennes l'évaluent d'abord à 30o hommes (une petite armée) avant de finir par parler d'une cinquantaine. L'armée est chargée de venir à bout de l' « insurrection ». Il lui faut plus d'une semaine pour la réduire et encore : certains insurgés s'enfuient dans les montagnes et échappent aux soldats. Gafsa, jusqu'au 3 février, vit en état de siège. Le bilan officiel des « combats » est de 4 tués, 3 blessés et 42 prisonniers, pour les insurgés, de 15 morts et 16 blessés parmi la population civile et de 2 morts et 92 blessés au sein des forces de l'ordre. Le bilan réel a certainement été plus lourd, surtout parmi la population civile. Les suites judiciaires de l'affaire se déroulent rapidement. Sur 300  personnes  arrêtées, 240 seront jugées ultérieurement par




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des juridictions de droit commun mais 6o sont déférées immédiatement devant la Cour de sûreté de l'Etat, laquelle rend un verdict très sévère, le 27 mars : 25 peines de travaux forcés à perpétuité et 15 condamnations à mort, dont deux par défaut. Les condamnés à mort se pourvoient en cassation, mais leur appel est rejeté. Ils sont pendus le 17 avril, malgré de nombreuses protestations, en Tunisie et à l'étranger, et des appels répétés au Président Bourguiba afin qu'il use de son droit de grâce. L'exécution déclenchera une indignation quasi générale (25).


Tels sont les faits. Reste à savoir ce qu'ils recouvrent, réellement. Il faudra certainement attendre que les archives soient disponibles et que les langues se délient. Toutefois, disposant d'une bonne part des minutes de l'instruction ainsi que du script de l'interrogatoire de Ezzeddine Cherif et d'Ahmed El Merghenni devant la Cour de sûreté de l'Etat (malgré le huis clos), nous pouvons, au moins, examiner quelques questions :


Qui a organisé la tentative d'insurrection de Gafsa ?

Elle fut revendiquée par le PRPT de Ibrahim Tobbal. Cette revendication ne reposait sur rien de sérieux. Elle fut revendiquée aussi par le FNPLT qui groupait, comme nous le signalions plus haut, plusieurs petits groupes entièrement contrôlés par la Libye où d'ailleurs ils avaient leurs quartiers généraux. Le FNPLT joua effectivement un certain rôle (de recrutement notamment) dans la préparation de « Gafsa ». L'un de ses animateurs, Amara Dhaou, fut d'ailleurs condamné à mort par contumace par la Cour de sûreté de l'Etat. Deux autres Tunisiens, par contre, jouèrent un rôle central : il s'agit de Ezzeddine Chérif, un intellectuel et un politique, qui avait été déjà condamné dans le complot « yousséfiste » de 1962, et



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Ahmed El-Marghenni, un spécialiste de l'action armée. Tous deux seront exécutés. Tous ceux qui menèrent l'opération de Gafsa étaient des Tunisiens. Mais on peut affirmer, aujourd'hui, que la conception, l'organisation logistique, le financement et l'équipement ne furent pas de leur ressort. Gafsa fut une tentative de déstabilisation montée conjointement par des services libyens et algériens. Le Polisario « coopéra » aussi à l'opération, pour la logistique d'approche. Gafsa a donc été une affaire maghrebo-maghrébine. La participation libyenne fut reconnue par les autorités tunisiennes et montée en épingle.


Deux semaines après « l'opération », M. Kaddafi, dans une déclaration à l'agence de presse libyenne JANA, qualifiait le régime tunisien d'adversaire « de la République libyenne en Libye » avant d'ajouter : « La solution logique réside dans la poursuite du combat jusqu'à la disparition de cet adversaire. » Il ne doute pas de la victoire : « C'est le régime tunisien qui disparaîtra cette fois-ci. Nous n'admettons aucune médiation, ni paix, ni armistice dans la lutte qui nous oppose au régime tunisien. » L'immixtion de l'Algérie dans l'affaire, quant à elle, doit être resituée dans son contexte : dès 1975  (26), EzzeddineChérif est « tamponné » par la sécurité militaire algérienne. Dès 1977, il est établi qu'il a rencontré le colonel Slimane Hoffmann et que l'opération de Gafsa est envisagée. Par qui, en Algérie ? A quel niveau de responsabilité politique ? Il n'est pas aisé de le déterminer, encore aujourd'hui. Tout ce qu'on peut dire est qu'à l'époque deux conceptions radicalement différentes opposent la Tunisie et l'Algérie à propos de l'unité maghrébine : là on parle de Maghreb des Etats, ici on invoque le Maghreb des peuples. La première conception récuse l'ingérence dans les affaires intérieures du voisin ; la seconde la justifie. L'Algérie, cependant, vit elle-même des moments difficiles. Dès la fin du premier trimestre 1978, plusieurs dirigeants savent que l'état de santé du Président Boumediène est très grave. La lutte pour la succession commence. Après la mort de Haouari Boumediène (le 27 décembre 1978) et


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l'accession de M. Chadly Benjedid à la magistrature suprême, plusieurs « groupes » ont la conviction que sa « présidence » ne sera que transitoire. Ils prennent alors leurs dispositions soit pour le tester en tant que pilier du système politique, soit pour saboter sa prise en main des affaires et hâter sa mise « sur la touche », voire son élimination. L'opération de Gafsa a peut-être aussi trouvé son origine dans ces calculs. Si l'on admet cette hypothèse, on est alors obligé d'inverser l'interrogation : « Gafsa » avait-elle pour objectif de déstabiliser la Tunisie, uniquement cela, ou bien l'opération participait-elle, par la bande, aux luttes politiques propres à l'Algérie, aussi ? Les autorités tunisiennes, tout en « chargeant » la Libye, étouffent toute allusion à l'Algérie et à chaque fois que Merghenni et Chérif l'évoquent, au cours de leur procès, le huis clos est déclaré. Mais le script des débats ne laisse planer aucun doute quand à l'implication des voisins de l'Ouest. Reste à savoir à quel niveau. Probablement à un niveau tout à fait incontrôlé par les principaux centres de pouvoir et c'est ce qui inquiète d'ailleurs l'équipe du Président Benjedid : des dizaines d'hommes se sont déplacés, des tonnes d'armes ont circulé, ont été stockées, les frontières ont été franchies à plusieurs reprises, illégalement, et près de 300 000 dollars ont été déboursés à l'insu de la présidence, du gouvernement et du FLN. Tant de manque de vigilance porte préjudice à la réputation d'un Etat algérien maître de son territoire et contrôlant ses institutions.


A qui a profité l'opération ?
A personne : ce fut un gâchis total. Les insurgés, tout comme les populationsciviles et les soldats, y laissèrent leur vie. Le pouvoir se discrédita encore plus sur la scène internationale et d'abord aux yeux des Tunisiens. Les intervenants algériens discréditèrent leur pays. Le grand perdant, bien entendu, est le régime tunisien. Peu à peu, le pays prenait l'allure d'un espace ou n'importequi peut oser n'importe quoi. Les Tunisiens sont profondément touchés par le destin tragique de leurs compatriotes qui, de désespoir en désespoir, en étaient venus à se laisser sacrifier sur l'autel des desseins troubles des uns et de l'imbécile et nocive mégalomanie des autres. Ils sentent que leur pays s'expose à toutes les menaces. Mais — les plus


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conscients politiquement d'entre eux- ne transmutent pas cette crainte et cette indignation en vote de confiance pour le régime. Si Gafsa a profité à quelqu'un, ce fut peut-être à la stratégie française en Méditerranée. Paris, en envoyant une escadre au large du golfe de Gabès et en assistant logistiquement l'armée tunisienne (27), réaffirma son rôle de puissance méditerranéenne incontournable. Il est vrai que ce sont les autorités tunisiennes qui sollicitèrent son intervention. M. Nouira ne déclara-t-il pas, à l'époque, que la France était intervenue d'instinct » ?


Qui porte la responsabilité des événements ?
L'Etat tunisien, avant quiconque : un Etat est toujours comptable de ce qui se passe dans un pays. Il y a aussi, plus profondément, une responsabilité sociale. Si l'oubli des terres intérieures et les inégalités régionales n'avaient pas marginalisé des milliers de jeunes Tunisiens, au point de leur faire sentir que le pays auquel ils s'identifiaient ne se voulait pas leur pays, ils n'auraient pas émigré en Libye pour devenir les cibles des sergents recruteurs. La responsabilité, enfin, pour certains, a pris probablement l'allure d'une complicité, c'est-à-dire de non-assistance à patrie en danger ». Certaines personnalités tunisiennes, au pouvoir, à sa périphérie ou dans ses anti-chambres ont su à l'avance que quelque chose se tramait pour l'anniversaire de l'accord de Jerba ». Deux documents sollicitent cette hypothèse : dans un éditorial daté du 23 mars 198o, le quotidien algérien El-Moujahid note que : « Si l'affaire de Gafsa suppose des luttes de factions et des complicités plus ou moins probantes, il serait naturel et logique de les rechercher bien plutôt dans la vie politique tunisienne... Ce n'est un secret pour personne que le gouvernement tunisien avait connaissance depuis fort longtemps d'événements qui se préparaient dans l'ombre, qu'il était également informé quand aux opposants qui y étaient mêlés. Tunis pourtant n'a pas pu déjouer la surprise. » Voire. La question définitive pourrait être : y a-t-il eu surprise pour tout le monde en Tunisie ?
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Un mois après (le 18 avril 198o) Amara Dhaou, dans une interview accordée au journal Libération, précisait que « Certaines informations établissent au contraire que les services de renseignements français en Tunisie, mis au courant de l'action qui se préparait, ont, en commun accord avec les responsables tunisiens, décidé de ne pas en empêcher le déroulement, voire même d'en précipiter le déclenchement... afin de "nettoyer la région" et de montrer la détermination franco-tunisienne à intervenir à la moindre alerte. » Dernier élément enfin : la grande majorité des hommes qui ont participé à l'opération de Gafsa ont été recrutés au Liban où ils se trouvaient enrôlés dans diverses milices libanaises et dans des organisations palestiniennes. Il est quasi certain que des diplomates tunisiens à Beyrouth ont été avertis que «quelque chose se préparait » en direction de la Tunisie, comme nous l'ont assuré plusieurs personnes qui se trouvaient à l'époque dans la capitale libanaise. Il est quasi certain aussi qu'ils ont fait leur travail et averti Tunis. En fin de compte, ce qui intéresse les Tunisiens, c'est le fait de savoir qui, dans l'affaire de Gafsa, a desservi la Tunisie. Le Président Bourguiba, le Premier ministre, M. Nouira, le ministre de la Défense, Rachid Sfar, le ministre de l'Intérieur, M. Kechrid, les responsables de la sécurité militaire et des services de renseignements sans oublier nos diplomates à Beyrouth, à Alger et à Paris, toutes ces personnalités doivent aux Tunisiens de dire ce qui s'est réellementpassé.



Frappé d'une hémorragie cérébrale le 25 février au soir, M. Nouira se trouve paralysé des membres gauches. Il est transporté à Paris pour s'y faire soigner et ne regagnera la Tunisie qu'au début du mois d'avril. Il était revenu aux affaires en période de crise. Il les quittait en période de crise aussi. A première vue, ce que d'aucuns appellent la « décennie Nouira » a été un échec. Politiquement, oui : Gafsa sonne le glas de la correspondance entre l'Etat et la nation en Tunisie. Economiquement, malgré les « bavures », l'accroissement des inégalités, le pays se modernisa incontestablement. Il pouvait aligner des gestionnaires de qualité. Le problème justement est qu'on ne peut demander à de bons gestionnaires de concevoir aussi des projets de société. M. Nouira, tout comme les collaborateurs dont il s'entoura, trahissait aussi cette impuissance.




(25). Plusieurs mouvements et hommes politiques tunisiens, qui ne partageaient ni les idées ni les méthodes de leurs compatriotes qui exécutèrent l'opération, intervinrent d'abord pour demander qu'on ne fasse pas couler le sang (Ahmed Ben Salah dans Le Matin du 5 février 198o et Mohsen Toumi dans Le Nouvel Observateur du 25 février 198o). Quand les sentences furent exécutées, lesmêmes intervenants, en se situant au-delà du politique, exprimèrent leur indignation, avec une extrême sévérité. Ce fut notre cas, dans le journal Le Monde du 18 avril 198o, par un article intitulé « A l'ombre des potences ».M. Mzali inaugura ses nouvelles fonctions de Premier ministre eninterdisant ce numéro du Monde.


(26). jeune Afrique daté du 23 avril 1980. D'une manière générale, nous nous référons, ici, à un travail de recherche que nous avons publié dansl'Annuaire de l'Afrique du Nord, en 1979, aux Ed. du CNRS, « La politique africaine de la Tunisie ».

(27). Le Maroc aussi apporta son concours. Il est curieux, tout de même, que l'armée tunisienne (forte de plus de 35 000 hommes à l'époque) ait eu besoin de l'aide de deux armées étrangères pour venir à bout de 50 insurgés


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09 août 2009

Mohsen toumi : La démocratie tunisienne entre le mythe et la réalité

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Dans son ouvrage « Tunisie : pouvoirs et luttes » (en vente libre en Tunisie mais il est vraiment rare) le politologue tunisien Mohsen Toumi  se pose comme problématique la démocratie tunisienne (mythe ou réalité)  et  en analysant le déroulement des élections  législatives de 1959.



 Mohsen Toumi  rappelle les pratiques du parti au pouvoir à l’époque ( Le  Néo Destour rebaptisé PSD en 1964 rebaptisé RCD en 1988) . le parti au pouvoir refusait que ses adversaires passaient à la télévision, perturber les réunions de ses adversaires et …. Et quand les dirigeants communistes sont partis se plaindre au ministre de l’intérieur  du fait qu’on leur refusait des salles pour leurs réunions, feu taib mhiri a déclaré : « je suis ministre et destourien*  et ce n’est pas à moi  de favoriser vos réunions ».

Par destourien, il entendait membre du Néo Destour, le parti au pouvoir, c’est moi qui le précise.

Le PCT désigne dans le texte: le Parti Communiste Tunisien rebaptisé Ettajdid (parti d'opposition reconnu par le pouvoir, 3 députés actuellement)

C’était en 1959….

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La démocratie tunisienne entre le mythe et la réalité 11 n'y a pas un énoncé politique du P.C.T. dans lequel ce parti


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oublie de rappeler son interdiction en 1963 et de demander le retour à la démocratie. Le retour à la démocratie est investi d'une implication privilégiée : « Et en premier lieu le retour à la légalité du Parti communiste » (document Khaled). Cela est tout à fait légitime. Seulement, la répétition d'un leitmotiv engendre toujours deux soucis : être efficace dans l'expression ; éliminer les détails qui risquent de gêner le message principal. Elle engendre donc la réduction de l'Histoire à des schémas. Dans le cas qui nous intéresse, l'histoire de la Tunisie, en matière de libertés, se trouve divisée en deux périodes : avant l'interdiction du P.C.T., après son interdiction. La première était démocratique (malgré des bavures), la seconde ne l'est pas. Certes, l'existence légale du P.C.T. constituait un signe de démocratie. Mais aussi un alibi à un parti destourien qui n'a pas attendu 1963 pour être unique et contrôler l'Etat. Comme fonctionnement démocratique des institutions, avant 1963, le P.C.T. rappelle sa participation aux élections législatives de mars 1956 et de novembre 1959. Effectivement, ce sont les seules élections qui se sont déroulées en Tunisie avec des listes concurrentes. Mais dans les faits, comment jouait cette concurrence ? Nous examinerons, à cet effet, les élections législatives de 1959.





Le P.C.T. présenta un nombre de listes très réduit (quatre à notre connaissance) : deux à Tunis et banlieue, une à Souk-El‑Arba (aujourd'hui Jendouba) et une dans la région minière de Redeyef. On comptait en moyenne dix candidats par liste. On retrouvait parmi eux Mohammed Innafaa, Mohammed Harmel, Noureddine Bouarrouj, Abdelhamid Ben Mustapha, Khémais El‑ Kaabi, le syndicaliste Hassen Saadaoui, Habib Attia, Hédi Jerad,Abdallah El-Majeri, Taoufik EI-Joumni, Mahmoud Shili (coiffeur à Bab Lakouas, père de neuf enfants), etc. Ces dizaines de candidats se virent octroyer un généreux temps de parole de cinq minutes (pas pour chacun mais pour tous) à « consommer » en une seule émission (Confiée à Mohammed Ennafaa, à la radio.). Selon les dispositions de la loi électorale tunisienne, les bulletins de vote communistes devaient être imprimés par les communes et distribués par leurs soins. Le Destour refusa à son adversaire le droit d'utiliser la couleur rouge et lui suggéra/ imposa la couleur verte, tout en donnant une couleur rose accentuée à ses propres bulletins. Les réunions électorales se déroulèrent dans le même climat de fair play. A Jebel-Jeloud, au sud de Tunis (Banlieue ouvrière.), les militants communistes distribuèrent des centaines de tracts, durant deux jours, pour préparer une de




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leurs réunions. Elle devait se tenir à l'intérieur d'une école, dans une salle de classe. Quand ils arrivèrent, ils furent agréablement surpris de se trouver devant un public sagement aligné derrière les pupitres. L'un d'eux se leva alors pour se présenter et présenter ses camarades. Aussitôt, un membre de l'assistance se dressa et cria : « Nous ne voulons pas de communistes en Tunisie. » Puis, s'adressant à la cantonade : « Levez-vous, partons. » Dans un ordre parfait, la salle fut évacuée et avec d'allègres Yahia Bourguiba, sous l'œil amusé de trois citoyens qui étaient demeurés debout, au fond. C'étaient des policiers en civil. L'homme qui avait donné
l'ordre de départ était le secrétaire général de la cellule destourienne de coin et ceux qui avaient gentiment suivi ses ordres étaient les membres de la cellule destourienne du coin. Une autre réunion, à Souk-El-Arba, a laissé des souvenirs de western à ceux qui l'ont vécue. Les candidats du P.C.T., partis de très bon matin de Tunis, arrivèrent vers onze heures, en plein marché. Aussitôt, ils se dirigèrent vers leur local, où ils devaient retrouver leurs camarades.



Ils trouvèrent des gravats. La porte du local (une boutique) avait été arrachée, les modestes meubles avaient été brisés, les banderoles, les affiches, les tracts et les exemplaires de journaux voletaient, en serpentins et confettis. Leurs camarades étaient effondrés. Ils firent tout de même contre mauvaise fortune bon cœur et se dirigèrent, dans une petite voiture, vers le marché, pour s'adresser au peuple. Le peuple vendait des grains, auscultait des chevaux, humait des épices, tâtait les pis des vaches, mangeait des beignets... Mais ils étaient déterminés à se faire entendre. Ils remarquèrent alors une camionnette qui les suivait. Elle était surmontée de haut-parleurs. Quand, une fois parvenus sur la place du marché, les militants du P.C.T. essayèrent de prendre la parole, les haut-parleurs de la camionnette commencèrent à hurler des hymnes patriotiques entrecoupés de Yahia Bourguiba (« Vive Bourguiba ».). Ils essayèrent de discourir quand même ; la puissance des haut‑parleurs augmenta et aux chants se mêlèrent des harangues hostiles au communisme « ennemi de Dieu », « étranger », etc. On se rassembla alors autour des intrépides candidats. La foule devint menaçante, mais la camionnette la contrôla parfaitement. Le Destour manifestait   puissance et ii lui suffit, ce jour-là, de ne pas aller au-delà.




Le jour du scrutin enfin arriva. Les candidats communistes, dans la ville de Tunis, constatèrent que seul un bureau sur dix, à peu près, était fourni en bulletins de vote à leur couleur. La municipalité en avait imprimé 100.000, ils avaient pu le vérifier.


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Mais la municipalité, apparemment, avait oublié de les distribuer. Ils se mirent alors à courir d'un bureau à l'autre pour mettre eux‑ mêmes leurs bulletins à la disposition des électeurs. Dans l'un de ces bureaux, l'un des candidats s'attarda un moment pour voir comment se déroulaient les opérations. La présidente était une jeune institutrice. Devant elle s'entassaient un grand tas de bulletins destouriens et une mince couche de bulletins communistes. De temps à autre, aussi, elle se promenait dans la salle, entre les isoloirs, ramassait des bulletins verts qui traînaient, en boule,revenait s'asseoir, les lissait avec soin et les remettait sur la table.
Cependant, elle en tendait rarement aux électeurs qui entraient et se contentait de leur tendre, avec l'enveloppe, un bulletin rouge. Au bout d'un moment, n'en pouvant plus, le candidat communiste lui demanda pourquoi elle ne tendait pas les bulletins des deux partis. Elle lui répondit : « Vous savez, je n'en ai pas beaucoup. Alors je les économise. » Et elle était sincère.



Aussi sincère que feu Taieb M'hiri, à l'époque ministre de l'Intérieur, quand il répondit aux communistes venus se plaindre qu'on leur refusait des salles pour leurs réunions : « Je suis
ministre et destourien et ce n'est pas à moi de favoriser vos réunions. »



Pas plus que ces élections-là, d'ailleurs, celles de 1956 n'avaient été régulières. Et au congrès de Kairouan, en mai, Mohammed Ennafaa n'avait pas manqué de relever les « agressions subies, y compris l'intervention des forces gouvernementales. » En fin de compte, il faut s'entendre sur le sens que l'on donne à démocratie. Si le P.C.T. considère son existence légale à lui suffisante, en dehors de toutes autres manifestations, pour que règne la démocratie politique, il peut effectivement estimer démocratique la période qui va de l'indépendance à 1963 et nul doute, dans le fil droit de cette logique, que pour peu qu'on lui permette de nouveau d'exercer librement ses activités et de publier ses journaux (Mohammed Ennafaa. début 1978, a déposé une demande d'autorisation pour publier un hebdomadaire qui reprendrait le titre de la revue de 1962 EI-Jadid "1e nouveau").), il n'admette que la démocratie existe en Tunisie. Un tel raisonnement pèche par égocentrisme. Il pèche aussi,conceptuellement, dans la mesure où les libertés d'expression, d'association, d'édition sont indissociables de la démocratie économique et sociale, qui en garantit l'usage pour le plus grand nombre. Or, la politique capitaliste des années 50 s'accompagnait de l'injustice économique et sociale. Le peuple ne jouissait d'aucune démocratie.




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